Le Kitsch comme catégorie de la pensée critique

Présenté à l'occasion du colloque de Cerisy sur le thème "Le kitsch : définitions, poétiques, valeurs" (dir. Mathilde Vallespir et Franz Johansson), ce travail propose une lecture du texte "Kitsch onirique" de Walter Benjamin, en trois temps.

Premièrement, il s’agit de se demander en quoi le kitsch peut être une catégorie pour l’analyse du discours. De quoi parle-t-on quand on parle d’un « discours kitsch » : quels paliers d’analyse et quels critères peut-on dégager ? Cette question de la discursivité du kitsch se porte plus particulièrement sur le discours de savoir, en suivant l’hypothèse qu’il y a un kitsch du discours de savoir, c’est-à-dire non seulement une éventuelle obsolescence, une éventuelle dévaluation et une éventuelle ostentation kitsch de certains contenus de savoir (à la manière de la cuistrerie par exemple, ou des délires pseudo-scientifiques de Bouvard et Pécuchet), mais aussi, et surtout, la possibilité d’une forme kitsch du rapport au savoir lorsqu’il se met en discours.

Deuxièmement, ce kitsch savant, on en trouve la trace précisément chez l’un de ceux qu’on range parmi les premiers et principaux théoriciens du kitsch, à savoir Walter Benjamin, et en particulier dans ce petit texte très énigmatique intitulé « Kitsch onirique » (1927). Il s’agit de lire Benjamin non pas (seulement) comme un théoricien du kitsch, mais comme un théoricien kitsch, ou plutôt : comme un théoricien du kitsch parce que (d’abord) théoricien kitsch. De catégorie du discours, le kitsch est ainsi envisagé plus largement comme catégorie de pensée, susceptible de jouer un rôle presque matriciel pour d’autres aspects de l’œuvre benjaminienne.

Enfin, troisièmement, le kitsch benjaminien est mis en contraste avec d’autres auteurs plus ou moins centraux dans la tradition des théories sur le kitsch.

Dans le laboratoire GENACH, ce travail prend la forme suivante :