Hans Magnus Enzensberger est sans aucun doute un des auteurs les plus polyvalents de sa génération. Poète et essayiste, éditeur de plusieurs anthologies, volumes documentaires et revues, auteur de littérature jeunesse, réalisateur, scénariste et traducteur, théoricien et historien des médias : des années 1950 à aujourd’hui, il élabore une œuvre riche et foisonnante, à laquelle il faut encore ajouter les ouvrages publiés sous différents pseudonymes. Sa méthode de travail exploratoire est à l’image du croisement des genres et des formes que l’auteur pratique abondamment pour interroger les notions d’authenticité, d’auctorialité et de falsification.
Ces liens produisent de véritables constellations qui encouragent à envisager son œuvre protéiforme sous un jour nouveau : contre la catégorisation par genres et contre la périodisation, et donc à rebours d’une logique des ruptures et des changements qui traversent manifestement son œuvre, une multitude de relations dynamiques peuvent se révéler, qui produisent autant de constellations poétiques, politiques, éditoriales, biographiques, etc. Plus précisément, on identifiera deux types de constellations :
1/ les constellations que Hans Magnus Enzensberger élabore en relation avec d’autres écrivains, théoriciens, philosophes, réalisateurs, etc. Ces constellations adoptent diverses formes concrètes : édition collaborative, traduction littéraire, appartenance au Groupe 47, échanges épistolaires, émissions de télévision et débats avec des contemporains (Hannah Arendt, Uwe Johnson, Alexander Kluge, Peter Weiss), références explicites et implicites à des auteurs aussi différents qu’Adorno, Diderot, Marx, Alexander von Humboldt et Montaigne.
2/ les constellations que son œuvre élabore en quelque sorte avec elle-même. Si la pensée de l’auteur semble a priori marquée par un ensemble de déterminants temporels et spatiaux précis (l’après-guerre, Berlin 1967, l’avènement des TIC, etc.), elle est également traversée par plusieurs thématiques récurrentes telles que l’écriture et l’alphabétisation, la politique et la violence, le meurtre et l’histoire. Ces effets de récurrence invitent le lecteur à dépasser la périodisation, pour lui préférer une lecture par multiples allers-retours croisés entre les composantes de sa production écrite et audiovisuelle.
Contre une lecture qui replie les textes et les productions audiovisuelles sur leurs déterminants propres (courants littéraires, genres, époques, lieux, événements), l’approche ici proposée envisage donc le travail de Hans Magnus Enzensberger comme un complexe centrifuge. C’est à cette condition méthodologique que son œuvre peut, aujourd’hui encore, déployer son plein potentiel artistique et politique.
Dans cet esprit, le colloque « Hans Magnus Enzensberger / Constellations » ne s’adresse pas à une communauté disciplinaire en particulier. Il entend au contraire réunir des chercheurs issus de tous les champs qui constituent les sciences humaines et sociales aujourd’hui : études littéraires, traductologie, sciences sociales, anthropologie, sciences politiques, philosophie, histoire, information et communication, arts du spectacle, etc.
Consulter ici la page web du colloque.
Programme de l'événement: